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Maria Marshall, Playground, 2001
Les images filmées de Maria Marshall d’une beauté formelle et d’une limpidité à couper le souffle séduisent immanquablement. Mais en même temps que le charme opère, un sentiment de malaise, voir de rejet, s’installe. Et pour cause: Maria Marshall, grâce à des images maîtrisées et envoûtantes, traque et expose les peurs collectives inconscientes ou indicibles et interroge nos principes moraux en particulier face au monde de l’enfance.
Dans When the T-rex gets the children par exemple, une pièce particulièrement déstabilisante, l’artiste met en scène son jeune fils. L’enfant aux grands yeux marron et au sourire enjôleur nous regarde les yeux scintillants. D’abord filmé de haut en très gros plan, la caméra s’éloigne progressivement et nous dévoile le contexte dans lequel se situe l’enfant: il est séquestré dans une chambre capitonnée et porte une camisole de force. Son air enjoué prend dès lors une résonance toute différente aux yeux du spectateur. Un malaise du même ordre se produit devant le film When I grow up I want to be a cooker, où le fils de l’artiste âgé de deux ans tire voluptueusement sur une cigarette. Il s’agit en fait d’une cigarette jouet, la fumée étant rajoutée en post-production. La scène d’une durée de quelques secondes, montée en boucle, s’avère quasi insoutenable mais fascine cependant par ses qualités formelles.

Maria Marshall, When I grow up I want to be a cooker, 1998
En effet, les séquences filmées par Maria Marshall peuvent être considérées comme des minis productions hollywoodiennes. L’artiste pense et détaille minutieusement ses scénarios (le texte, les ambiances, la lumière, etc.) avant qu’ils ne soient mis en scène et filmés en Super 8, 16mm ou 35mm avec le concours d’une petite équipe d’assistants. Les séquences sont ensuite retravaillées grâce aux méthodes de post-production les plus récentes (incrustations, effets spéciaux, etc.). Si Maria Marshall se sert des conventions cinématographiques de tournage (ralenti, gros plan, va-et-vient de la caméra...), les références au septième art sont également présentes dans les décors, les ambiances et les structures narratives des vidéos de l’artiste.
Certaines oeuvres, comme 10000 Frames, opèrent dans un autre registre. L’artiste nous y livre un condensé de 6 minutes d’un voyage entrepris avec ses deux fils à Disney World. L’expérience est montée en accéléré; la voix de l’un des garçons nous propose un commentaire de l’expédition, également à toute vitesse; il y reprend souvent des phrases prononcées initialement par sa mère, tel que « Eat, eat, eat ! » (Mange, mange, mange !). Si cette vidéo n’est pas dénuée d’humour, le rythme effréné de ce voyage éclair dans l’un des havres du consumérisme semble aussi être une critique acerbe de la société de consommation et de ses plaisirs éphémères.

Maria Marshall, Don’t let the T-Rex get the children,1999
Maria Marshall
Maria Marshall est née en 1966 à Bombay, Inde
BA, Honors Degree, Wimbledon School of Art, Londres, Grande-Bretagne
Chelsea School of Art, Londres, Grand-Bretagne
Ecole des Beaux Arts, Genève, Suisse
Vit et travaille à Londres.
Expositions personnelles (sélection)
2004
Taché-Lévy, Bruxelles, Belgique
Cosmic, Paris, France
Team Gallery, New York, NY (à venir)
Herzliya Museum, Herzliya, Israel (à venir)
2003
Salon 94, New York, Etats-Unis
2002
Fonds National d'Art Contemporain, Marseille, France
Palais de Tokyo, Paris, France
Team Gallery, New York, Etats-Unis
Fine Lines, Konsthallen Göteborg, Göteborg, Suède
Site Gallery, Sheffield, Grand-Bretagne
Project Space Swiss Institute, New York, Etats-Unis
2001
Arndt & Partner, Berlin, Allemagne
Freiburger Kunstverein, Freiburg, Allemagne
Team Gallery, New York, Etats-Unis
2000
Dot, Londres, Grand-Bretagne
Dorothee De Pauw, Bruxelles, Belgique
Galerie Vaclav Spaly, Prague, République tchèque
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris, France
Yves St. Laurent, Paris, France
Oliver Art Center, CCAC Institute, Oakland, Etats-Unis
Gallery 400, University of Illinois, Chicago, Etats-Unis
1999
Team Gallery, New York, Etats-Unis
Ace Gallery, Los Angeles, Etats-Unis
Real Art Ways, Harford, Etats-Unis
1998
Team Gallery, New York, Etats-Unis

Maria Marshall, Pinnocchio, 2003
Expositions de groupe (sélection)
2004
Zwischenwelten, Hochschule für Bildende Künste Dresden, Dresden, Allemagne
2003
Clash of Cultures, Neuer Berliner Kunstverein, (organisé par Kathrin Becker), Berlin, Allemagne
Silent Screams Difficult Dreams, Arndt & Partner, Berlin, Allemagne
The American Effect, The Whitney Museum of American Art (organise par Larry Rinder), New York, Etats-Unis
Ninos, Centro de Arte de Salamanca, Salamanca, Espagne
Child in Time, Gemeentemuseum Helmond, Helmond, Pays-Bas
Throw Back: Cory Arcangel & Beige, Maria Marshall, Jon Routson, Team Gallery, New York, Etats-Unis
Video Invitational, f a projects, Londres, Grand-Bretagne
Urban Collisions, Neuer Berliner Kunstverein, Berlin, Allemagne
2002
Slow Motion, Ludwig Forum, Aachen, Allemagne
Self/In Material Conscience, Fondazione Sandretto Re Rebaudengo per l’Arte, Turin, Italie
The Collective Unconsciousness, Migros Museum für Gegenwartskunst, Zurich, Suisse
Private Affairs, Kunst Haus Dresden, Städtische Galerie für Gegenwartskunst, Dresden, Allemagne
2001
Urban Nature, Göteborgs Konsthall, Göteborg, Suède
Casino 2001, S.M.A.K., Ghent, Belgique
Objects in Mirror Are Closer Than They Appear, Team Gallery, New York, Etats-Unis
Video Jam, Palm Beach Institute of the Arts (organisé par Michael Rush), Palm Beach, Etats-Unis
Beau Fixe, Centre Photographique d’Ile de France, Pontault-Combault, France
In A Lonely Place, National Museum of Photography, Film & Television, Bradford, Grand-Bretagne
Chelsea Rising, Contemporary Arts Center (organise par David S. Rubin), New Orleans, Etats-Unis
Double Trouble, Borusan Centre for Culture and Arts, Istanbul, Turquie
Wonderland, Bakalar and Huntington Galleries, Massachusetts College of Art, Boston, Etats-Unis
Petty Crimes, The Laing Art Gallery, Tyne-Wear Museums, Newcastle; Glasgow Museum of Modern Art, Glasgow; York City Art Gallery, York, Grand-Bretagne
2000
GMI Screen, Leicester Square, Londres, Grand-Bretagne
Some Secrets, Kunsthalle St. Gallen, St. Gallen, Suisse
Sensitive: Photographie & Art Visuels, Le Printemps de Cahors, Cahors, France
Topologies, White Box, New York, Etats-Unis
Faith: The Impact of Judeo-Christian Religion on Contemporary Art at the Millenium, The Aldrich Museum of Contemporary Art, Ridgefield, Etats-Unis
1999
The Sexual Child, Bowdoin College Museum of Art, Brunswick/Maine, Etats-Unis
Hi8, CAPC, Cuimbra, Portugal
Shiny, Shiny, Team Gallery, New York, Etats-Unis
Common People: British Art between phenomenon and reality, Fondazione Sandretto Re Rebaudengo per l'Arte, Turin, Italie
Space Place, Kunsthalle Tirol, Hall, Autriche
1998
Screening, Beaconsfield, Londres, Grand-Bretagne
The Art and Science of the Unborn Child, 210 Gallery, Welcome Trust, Londres, Grand-Bretagne
Catalogue
The American Effect, The Whitney Museum of American Art, New York, organisé par Larry Rinder, catalogue, New York 2003
Internet
www.teamgal.com/marshall/index02.html
www.arndt-partner.de/artists/marshall/marshall.html
www.arndt-partner.de/archiv/newsletter_30_e.html

Maria Marshall, 10000 Frames, 2004
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