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Centre for Contemporary Images - Saint-Gervais Genève

january 23rd - march 24th, 2002
Alan Humerose - «Suites» - photographies and video installation

opening : january 23rd , 2002 at 6pm
exhibition open: Tuesday-Sunday, 12am to 6pm - free entry
  archives
            Centre for Contemporary Images

Fidèle à sa mission d’attention et de soutien à la photographie, le Centre pour l’image contemporaine s’est associé au Musée de l’Elysée de Lausanne et au Musée Château d’Annecy pour présenter le travail d’Alan Humerose dans sa salle d’exposition du premier étage.

(see below...)

L’exposition de Lausanne, qui donnait à voir une première partie des «Suites» du 26 avril au 4 juin 2001, avait permis de découvrir le récent travail photographique d’un homme attaché à la poésie du presque rien: expressions d’un visage, cheveux dénoués, branchages enchevêtrés, ruines, souches d’arbres coupés, traces de pneus sur le bitume. Présentées en polyptyques (allant du triptyque à des séries de près de 50 images), soigneusement alignées dans des cadres sous verre acrylique que l’artiste appelle des boîtes, les images d’Humerose se reconnaissent à leurs traits stylistiques forts: noir/blanc, très petits formats, lumière sombre, presque épaisse, et rendu extrêmement dense des noirs, contrastant avec des éclats très lumineux.

Pour son exposition au Centre pour l’image contemporaine, Humerose présentera une série de nouvelles «Suites», et complètera cette présentation par un travail inédit sous la forme d’une grande projection vidéo de ses images montées en travelling. Cette expérience nouvelle qui prend la forme d’un virage radical chez un artiste qui n’a jamais quitté le petit format et jamais expérimenté l’image en mouvement est un prolongement de la logique des «Suites»; en effet, le mouvement de notre regard d’une image à l’autre à l’intérieur des boîtes, et d’une boîte à l’autre, préfigurait déjà le mouvement plus ample et plus maîtrisé de la vidéo. Une édition DVD de ce nouveau travail est prévue par le Centre pour l’image contemporaine. Il faut également avoir présent à l’esprit l’attachement de longue date d’Alan Humerose pour l’écriture et la poésie en particulier, lui qui a participé, avec ses images ou avec ses textes, à tant de revues et dont l’écrivain Nicolas Bouvier disait dans un texte de 1986 (déjà): «Les photos d’Alan Humerose sont pour moi littéraires. Au meilleur sens du terme.» La littéralité des images d’Humerose s’exprime en particulier dans les innombrables histoires sans queue ni tête que nous construisons lorsque nous lisons les «Suites» d’images, mais aussi dans l’organisation métonymique des séries. Alan Humerose le dit lui-même: avant et après les «Suites», il y a toujours une image idéale, mentale, qui rassemble tout, et qui ne sera jamais photographiée; les images qui composent les «Suites» sont les fragments d’un tout qui échappe; les morceaux s’additionnent, mais le total reste à inventer, bien qu’il soit pour ainsi dire présent dans chaque image. Par ailleurs, chaque image prise isolément est elle-même un fragment d’une infinité d’histoires qui la font résonner: entre ces branchages sauvagement arrachés et jetés à terre dans une forêt par le passage de l’ouragan Lothar, ce sont l’antre du loup des contes de fées, le Maupertuis de Renart, la terre gaste des romans de chevalerie qui se devinent. Avec ces traces de pneus sur les passages piétons de la ville finlandaise de Tampere, ce sont tous les accidents évités d’un coup de frein, les voyages commencés ou achevés là, dans cette rue, les rencontres amoureuses d’un trottoir à l’autre. Avec les portraits d’enfants qui grandissent, c’est la saga familiale, simplement omniprésente dans tout le travail. Avec les femmes nues, c’est le délicieux répertoire du blason poétique et de ses infinies variantes qui est revisité. D’une manière générale, si les références à l’histoire de la photographie et de ses multiples genres sont omniprésentes, c’est à la manière de clins d’oeil; le centre de gravité est plus proche d’une certaine défiance vis-à-vis de la photographie, jamais capable de fixer la forme, tout au plus d’approcher au plus près, par le gel et la multiplication, les moments d’émergence des apparences. Essayer, réessayer, comparer, insister: cette démarche proche du pas-à-pas textuel se manifeste également dans l’abondante production de notes qui accompagnent le travail d’Humerose à tous les stades: avant et après la prise de vue, au moment des tirages, et encore à celui de l’accrochage ou de la publication.

Du premier mars au 30 avril 2002, Alan Humerose exposera également au Musée Château d’Annecy; les «Suites» présentées inclueront quelques travaux issus d’une commande du Musée, qui a demandé à l’artiste de travailler spécifiquement sur la ville d’Annecy, en vue d’une édition de cartes postales.

Enfin, un livre coproduit par le Centre pour l’image contemporaine, le Musée de l’Elysée et le Musée Château d’Annecy paraîtra en septembre 2002 aux Editions CH, Genève. Cette publication rassemblera toutes les «Suites» ainsi que des textes de l’artiste.


L’exposition «Suites» bénéficie du soutien du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève, du Département de l’instruction publique de l’Etat de Genève, du Musée-Château d’Annecy et d’Agfa.

Alan Humerose, «Suites», 2001







Notes de travail (extraits)
par Alan Humerose

«[...] La suite, par rapport à la photographie isolée trop souvent liée au hasard chanceux ou à la composition laborieuse, renforce cette lecture des choses et de notre conscience en train d’apparaître. Simultanément, par leur petit format et le noir qui n’est pas un deuil mais une source enfouie, par leur juxtaposition rapprochée, par les très légères variations formelles au sein d’une même planche, et, enfin, par la préciosité du tirage, les photographies de ces suites suggèrent aussi la fragilité et la menace de disparition, d’effacement de tout ce qui subitement surgit, comme ces rédactions mentales, impeccables, du demi-sommeil, si fulgurantes… et pourtant à jamais perdues dans la nuit de tous les possibles.»

«Dans un désordre certain, à l’intérieur de la suite, chaque photographie tient par rapport à ses voisines le double rôle d’un repentir et d’une promesse, comme si nous avions sous les yeux à la fois ce qui fut et ce qui pourrait être, l’erreur et sa correction. Simultanément image d’un regret et d’un enthousiasme, d’un abandon toujours menacé d’un retour, d’une agonie alertée de résurrection, ces photographies presque identiques se côtoient afin de provoquer un frémissement jusqu’à obtenir une image, imprécise certes, mais tenace et maîtrisée, de ce qui exige une sortie, de ce qui impérativement m’apparaît grosse de son éclipse.»

«Chaque photographie contient une image primitive, originelle, qui reste en suspens dans l’image déformée par la photographie elle-même, par l’écriture photographique. C’est l’image incertaine d’un tiraillement provoqué par la soudaine apparition d’une chose dans un état d’esprit surpris. Ainsi, chaque suite est un ensemble de ces images approximatives, comme les croquis d’un dérangement, ensemble d’images qui, en s’interactivant au sein d’une même planche, désorientent d’abord l’approche habituelle de la photographie pour recentrer et concentrer ensuite la lecture vers ce qui fut justement à l’origine et qui ne cesse de se dérober : cet élan, cette aspiration à peine perceptible, jamais prononçable, l’abordage au monde plutôt que le monde, une rencontre innommable avec un je-ne-sais-quoi qui tout à coup s’impose comme un passage obligé et obscur en réclamant un apaisement tout autant qu’une rage.»

«Visuellement, je suis bègue.»

«Je dois tout reprendre sans cesse. Le poète avait raison : il faudrait tout recommencer, et les paroles et les chansons. Nos voix sont toujours vraies et uniques. Répéter, répéter jusqu’à la lisière du silence enfin abordé.»

«Aucune photographie n’est pour moi un aboutissement, une certitude, une affirmation. A peine une espérance, mais si vite déjouée.»

«Parce qu’elle est toujours passée et appelle toujours la suivante, chaque photographie est un échec et un découragement.»

«Elle est dépassée. Toute chose qui se fixe et s’installe instaure le dépassement, inaugure une suite.»

«On ne peut oublier qu’on aurait pu prendre autrement une photographie.»

«On regrette que toutes mes petites images ne soient pas plus grandes. C’est le même regret qui prend le voyageur dans le train alors qu’il longe la mer et qu’il aimerait tellement s’y baigner. Le monde est inatteignable, il est là.»

«Je crois photographier une haie et je restitue un ciel derrière un buisson ardent, ou calciné peut-être, et, sur le sol tous les cailloux suintent.»

«Certains noirs deviennent aussi transparents que les voilages taillés dans le marbre, en Italie, à la Renaissance.»

Alan Humerose, «Suites», 2001


Alan Humerose
Biographie

1956 : Né le 8 mars, deuxième enfant d’une famille d’épiciers de village, à Courroux, dans le Jura suisse.
1965 : Première photographie : un chat saute sur un mur devant une ferme.
1967 -69 : Mort des grands-parents qui habitaient la même maison.
1970 : Sa mère meurt d’un cancer du sein.
1973 : Son unique frère, aîné de trois ans, est tué dans un accident lors de son service militaire.
1976 : Premier prix de poésie de l’Ecole cantonale de Porrentruy et Maturité scientifique, Porrentruy (CH).
1972-76 : Guitare et chant dans plusieurs groupes de rock et folk.
1976 : Déménage à Genève où il s’installe avec Fabienne Althaus.
1976 - 78 : Université : histoire de l’art et linguistique, installe parallèlement son premier atelier. Divers petits métiers.
dès 1980 : Utilise principalement la photographie et débute les collaborations avec le monde théâtral: photographies, décors et affiches. Premières expositions.
1983 : Naissance de Léonard.
1984 : Cofondateur du Centre de la photographie, Genève.
1985 : Cofondateur de «Haute Voix», association pour la promotion orale de la poésie, qu’il animera durant trois ans en collaboration avec la radio suisse romande.
1986 : Naissance d’Arthur.
1986 : Bourse Ville de Genève.
1986 : Spectacle: «Autres tableaux d’une exposition», Nuit de la Photographie, Musée de l’Elysée, Lausanne.
1987 : Naissance de Thomas.
1989 : Bourse Lissignol, Genève. Achète avec Fabienne Althaus une maison en Haute-Savoie.
1990 : Décide de ne plus participer à aucun concours : comment comparer des façons de vivre, et comment primer telle ou telle respiration? !
1992 : Naissance de César.
1994 : Tournée de conférences et de présentations de son travail au Japon avec la revue [vwa], avec le soutien de la Fondation Pro Helvetia
1995 : Directeur du Centre de la Photographie, Genève et directeur de rédaction de la revue «images».
1999 : Démissionne du Centre de la photographie, Genève pour se consacrer exclusivement à sa photographie.

Alan Humerose est fondateur et directeur de rédaction et de publication de «images», revue de réflexion et de création photographique. 4 numéros publiés depuis 1995.






Alan Humerose
Expositions personnelles (Sélection)

1985 «Les Carnets», Halle Sud / Espace Un, Genève / CH.
«Les Carnets», Galerie Beni, Kyoto / J.
1986 «Les Carnets», Galerie Andata / Ritorno, Genève / CH. Texte de Ch-H. Favrod.
«Les Carnets», Galerie La Plume, La Chaux-de-Fonds / CH. Texte de Nicolas Bouvier.
1987 «Les Carnets» et «Edges», Bibliothèque de Carouge, Carouge / CH. Texte de Juan Martinez.
1988 «Edges», Kodak Photo Salon, Tokyo / J.
«Edges», Contemporary Art Center, Osaka / J. Texte de Hisashi Muroi.
1989 «Edges», Photoforum Pasquart, Bienne / CH.
«Edges», Halle Sud au Salon du Livre, Genève / CH.
1990 «Les pages primées», Palais de l’Athénée, Genève / CH. Texte de Claude Ritschard.
1993 «Ho Visto Tutto», St-Gervais Photographie, Genève / CH.
«Babel Boom», Musée de l’Elysée, Lausanne / CH.
1995 «Poursuite», Centre de la photographie, Genève / CH.
1996 «Edges» & «Les pages primées», Maison des Arts, Alliance Française, Pécs / H.
«Edges» & «Les pages primées», Bibliothèque Nationale Széchényi, Budapest / H.
1998 «Duolithique», Musée du Château, Nyon / CH.
2001 «Suites», Musée de l'Elysée, Lausanne / CH.
2002 «Suites», Centre pour l'image contemporaine, Genève / CH.
«Suites», Musée Château, Annecy / F.


Expositions collectives (Sélection)

1986/88 «Genève, 9 photographes», Centre de la Photographie, Genève / CH. Tournée européenne; catalogue «Nina H. par Alan H.», texte de Walter Keller.
1993 «Aus der Romandie», Fotomuseum Winterthur, Winterthur / CH. Catalogue, texte de Fr.-Yves Morin
1994 «84-94, Centre de la Photographie Genève», Galleria Gottardo, Lugano / CH. Catalogue.
1995 «Pasquart en Chine», The Oriental Gallery, Pékin / Chine.
«La collection de photographie suisse de la Banque du Gothard», Galleria Gottardo, 1995, Lugano / CH. Catalogue.
1996 «Photographes suisses», Kiev, Odesssa et Liov / Ukraine.
«Collection du fonds cantonal genevois d’art visuel», Mamco, 1996, Genève / CH.
1997 «Les âges de la vie», Musée de Carouge, Carouge / CH.
«Autoportraits», Musée du Château, Nyon / CH.
1998 «Léman», Musée du Château, Nyon / CH.
1999 avec le groupe CHIPEX, 5ème triennale internationale de photographie contemporaine, Tampere / SF.
avec le groupe CHIPEX, Journées photographiques de la ville de Bienne, Bienne / CH.
2000 «Au centre, l’artiste», Photoforum Pasquart, Bienne / CH.

Alan Humerose, «Suites», 2001


Publication en revue (Sélection)

«Nina H.», Revue Der Alltag ( Zurich) 2/86.
«Virus JR», Revue [vwa] (La Chaux-de-Fonds) 9/10/86.
«Virus MM», Revue Der Alltag (Zurich) 2/86.
«Maison Blanche», Revue Ecriture (Lausanne) 31/88. Texte de Fabienne Althaus.
«La Bâtie d’Humerose», Tribune de Genève,1988.
«Les scènes Humerose», Le Courrier, (Genève) 1988.
«Selinunte», Revue D’Autre part (Delémont) (2/89. Texte de Pascal Rebetez
«Edges», Halle Sud (Genève) 22/89. Texte de Urs Stahel
«Avis de naissance et testaments», Revue D’Autre part (Delémont) 6/90.
«Nos chairs disparus», Revue D’Autre part (Delémont) 9/91.
Lux humana est, éd. St-Gervais/91(Genève) . Texte de Fabienne Althaus.
«Drapeau !» et «2ème augmentation de loyer», Revue [vwa] (La Chaux-de-Fonds) 14/91.
«Avec elle!?», Revue La Mètis (Nice) 9/91.
«Virus DFB», Revue La main de Singe (Lyon) 2/92.
«Altamira Scoop», Passage, Revue Pro Helvetia (Zurich), 1993.
Déménagement, Ed. Les Yeux Ouverts, Genève, 1994 . Texte de Cordebard.
«Passage», Revue D’Autre part (Delémont) 14/94. Texte de Charles Bonnet.
«Couverture only », Revue [vwa] (La Chaux-de-Fonds) 18/94
«Que faisiez-vous la nuit?», Campus, 25/94, Université de Genève.
«Les Titres», Revue Ecriture (Lausanne) 45/95
«Ton clip est sur le palier», Revue Le Moule à Gaufres (Paris) 11/95.
«L’ivresse des voyages», Revue [vwa] (La Chaux-de-Fonds) 21, 1996.
«Réserves», Revue D’Autre part (Delémont) 17/96
«Intimité», Revue Ex Machina, Université Genève, 2/98.
«Conversation avec le sommeil», Revue CH, (Genève) 1/98.Texte de Lysianne Léchot Hirt.

Livres

Les Fêtes du Géant
36 photographies n/b de foule en fête dans la rue, la nuit et aplatie au sol par une vue aérienne.
Préface de Thierry Mertenat. Editions du Centre de la photographie, Genève, 1989. 23.5 x 20.3 cm, 52 pages.
Les Pages Primées
Catalogue de l’exposition au Palais de l’Athénée à Genève.
Préface de Claude Ritschard. Editions Les cahiers de la Classe des Beaux-Arts, N° 77 Genève, octobre 1990. 19 x 21 cm, 20 pages.
Bien sûr la photographie
Livre de plus d’une centaine de photographies présentant «Edges» version noir et blanc ainsi que «Les pages primées».
Préface de Nicolas Bouvier. Editions [vwa], La Chaux-de-Fonds, 1992. 15 x 21 cm, 132 pages.
Babel Boom
51 photographies couleur comme autant d’allégories du monde de la construction et de l’homme au travail.
Textes de Philippe Marthaler, François-Yves Morin, Charles-Henri Favrod, Jean-Fred Bourquin. Editions Benteli, Berne, 1993.
22 x 28 cm, 96 pages.
Poursuite
20 photographies de paysage urbain au travers de vitres cassée par des impacts de balles.
Textes de Alain Grandchamp et de Pascal Rebetez. Plaquette publiée par la revue D’Autre part et la Documentation photographique de la Ville de Genève, 1995. 16 x 23.5 cm, 30 pages.
Les Titres
16 photographies de traces de pneus laissées dans le macadam chaud de l’été.
Préface de Pascal Antonietti. Plaquette publiée par la revue Ecriture, 1995.
15.5 x 21 cm, 20 pages.
Duolithique - Conversation avec la pierre
130 photographies de pierres, tessons, ruines et cailloux provenant de Syrie, du Japon, de la Bourgogne et de bien d’autres lieux de la planète…
Textes de Pascal Rebetez. Editions d’Autre part, Delémont, 1997. 11.5 x 16 cm, 160 pages.
Trousseau in «Jura usage des sens»
50 photographies de nus en prise avec le drapeau du canton du Jura.
Le livre présente des contributions de sept écrivains et de sept photographes en lien avec ce canton. Edition d’Autre part, Delémont, 2000. 21.5 x 22 cm, 252 pages.



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